Missionnaires en Haïti, le dernier rempart face au retour de la barbarie

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La semaine dernière, notre chronique¹ était dédiée à la situation en Haïti, où des milliers de personnes meurent dans les violences, dans un pays abandonné par l’occident et où la vie ne vaut plus rien. Les meurtres, les rapts, les tortures et les violences sexuelles terrorisent la population et permettent aux gangs de maintenir leurs activités criminelles.

En septembre dernier des manifestations antigouvernementales, déclenchées par une hausse annoncée du prix du carburant à la pompe², se sont poursuivies en Haïti. Des pillages ont éclaté dans différentes villes. Des manifestants ont pillé un entrepôt du Programme alimentaire mondial de l’ONU contenant 1400 tonnes de nourriture. D’autres scènes de pillage ont été constatées notamment aux Gonaïves et à Saint-Marc. Les locaux du Bureau des Nations unies (UNOPS), plusieurs établissements scolaires, une université publique et plusieurs entreprises, ont été saccagés et pillés. Les protestataires ont attaqué des entreprises, des institutions publiques, le bureau des archives nationales, des magasins et des boutiques. Les résidences de trois proches du gouvernement³, ont été saccagées et pillées. Mais vous savez, abandonnés dans l’indifférence générale, là où les blindés de l’ONU et les ambulances n’interviennent pas, les missionnaires veillent au péril de leur vie sur ceux qui sont affamés, privés d’aide internationale et de leurs droits les plus élémentaires. J’aimerai vous parler d’eux. Car l’éducation et la santé, la protection et la défense des plus pauvres ne reposent pour l’essentiel que sur les épaules, les épaules des religieuses et des prêtres. Or les violences et pillages sont désormais montés d’un cran avec l’attaque et le pillage d’écoles, de centres de santé et renutrition tenus par des congrégations religieuses.

Au Réseau des Entrepreneurs Solidaires⁴, nous sommes notamment en contact avec les sœurs de Saint Joseph de l’Apparition qui ont été traumatisées par la destruction totale le 17 et 18 Septembre de leur centre pour personnes handicapées, de l’usine de textile, de l’école, du centre de santé et du centre de renutrition situés à Gonaïves dans un des quartiers les plus pauvres. Tout le mobilier, l’ensemble du matériel a été arraché, démonté, volé, brûlé par la colère des manifestants ; la chapelle a été profanée, vidée, la maison des sœurs dévastée. Dieu a permis que ces sœurs, exfiltrées par la police, aient la vie sauve mais les plus jeunes sont en état de choc. Vous savez la situation est hors de contrôle ; les banques et ambassades sont fermées, les déplacements impossibles ; la peur règne partout. Les sœurs sont cachées, attendant un retour au calme pour évaluer la situation, mais les bâtiments de leur mission sont ruinés. Oh vous savez, pour ce qui concerne les autres congrégations, il y aurait beaucoup à dire. Mais parlons des filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, à Gonaïves toujours, l’école St François a été épargnée par la foule grâce aux parents d’élèves qui ont formés, par héroïsme, une barrière humaine. Cette école est une exception parmi celles des Gonaïves et d’ailleurs qui ont été toutes détruites. Le centre scolaire situé à Cite Soleil, ce bidonville de Port au Prince, dont l’ONU dit lui-même qu’il est le plus dangereux de toute l’Amérique et des Caraïbes, a suspendu la rentrée des classes. À Meyer, sur la côte sud d’Haïti, les sœurs sont isolées, l’école est fermée. Elles ont stoppé la clinique mobile en raison de l’insécurité et du doublement des coûts des médicaments.

Oh vous savez, ces sœurs héroïques assurent toujours les soins et font des visites dans les différents villages et les différentes maisons deux fois par semaine dans cette région qui est extrêmement touchée par la famine. Il nous faut nous arrêter là chers amis, mais dans les semaines à venir, n’oublions pas les missionnaires en Haïti : ils sont le dernier rempart face au retour de la barbarie, là où la vie ne vaut plus rien. Que faire me direz-vous ? Prions Notre Dame du Perpétuel secours et Saint Joseph afin que la raison et la paix reviennent en Haïti. Vous pouvez vous engager comme bénévole ou faire un don sur le site du Réseau des Entrepreneurs Solidaires. 100% des dons sont reversés aux religieuses.

¹ Voyez la chronique du 16 Octobre 2022

² Les subventions gouvernementales pour maintenir les prix de l’essence en dessous de 3 dollars le gallon, et le diesel et le propane en dessous de 4 dollars le gallon, coûtent au gouvernement environ 400 M USD par an. Maintenir ce montant de subvention, en plus des 600 M USD millions de dollars qu’Haïti perd en raison des droits de douane non perçus dans ses ports, n’est pas viable, a noté le Premier ministre par intérim Henry le 11 septembre 2022 dans un discours à la nation.

³ L’avocat André Michel et l’ancienne sénatrice Edmonde Beauzile, Ricard Pierre, ministre de la Planification et de la coopération externe du gouvernement

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